Qu'est-ce que la "voix mixte" ?
- Sonia Mokrani
- 23 févr. 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 janv. 2024
"Parfois, quand je chante, j'arrive à une sorte de plafond", " j'ai comme un trou entre mes graves et mes aigus ", " sur certains passages, j'ai la voix qui saute", " je suis obligé(e) de chanter soit très grave, soit très aigu"... Peut-être avez-vous déjà entendu ou ressenti cela en tant que chanteur(se), et vous vous demandez comment faire pour y remédier... La solution ? La fameuse voix mixte ! D'accord, très bien, mais qu'est-ce que la voix mixte exactement ?
D'un point de vue acoustique, chanter en voix mixte nous permet de "gommer le passage", c'est-à-dire passer de notre registre grave à notre registre aigu (et inversement) sans entendre le passage, de façon fluide, comme si toutes les notes s'inscrivaient dans un même moule continu. Cela, d'un point de vue acoustique uniquement. Car physiquement, cela se passe un peu différemment. Pour le comprendre, regardons de plus près ce qu'il se passe au niveau de nos cordes vocales.
Quelle(s) différence(s) entre produire un son grave et un son aigu ?
Le son de notre voix est produit par nos cordes vocales qui entrent en vibration. Jusque là, tout va bien. Or, nos cordes vocales ne vont pas vibrer de la même façon selon que l'on chante dans notre registre grave (aussi appelé "voix de poitrine") ou dans notre registre aigu (aussi appelé "voix de tête"). On parle de différents "mécanismes laryngés", avec pour chaque mécanisme certains muscles qui entrent en jeu.
Il existe 4 mécanismes laryngés ou 4 "modes vibratoires" de nos cordes vocales. Pour la voix mixte, nous en retiendrons deux : le mécanisme 1 (aussi appelé "mécanisme lourd" ou M1) apparenté à la voix de poitrine et le mécanisme 2 (aussi appelé "mécanisme léger" ou M2) apparenté à la voix de tête.
Aussi, apprendre à chanter en voix mixte consiste à passer progressivement de son M1 à son M2, sans cassure, de façon continue. Oui, mais comment ?
Comment accéder à sa voix mixte ?
Premièrement, en s'assurant de la solidité de ces deux mécanismes, c'est-à-dire en s'assurant que l'on peut chanter dans les graves et dans les aigus avec la même aisance, la même facilité. Rien ne sert de s'échiner à "pousser sa voix" de plus en plus haut si l'on n'a pas accès à l'aigu. Au contraire, cela sera contre-productif et on risque de s'abîmer la voix et se faire mal. A l'inverse, une personne avec une voix "haut perchée" habituée à n'utiliser que son M2 aura besoin de renforcer ses graves pour retrouver un équilibre entre ses deux mécanismes.
Une fois cet équilibre (r)établi, on va jouer sur un autre paramètre essentiel de la voix : la résonance, c'est à dire la façon dont on va moduler notre son à l'intérieur du conduit vocal* pour lui donner la forme, la texture, la couleur que l'on veut. Comment ? En jouant avec nos résonateurs et nos articulateurs (la langue, la mâchoire, le voile du palais, etc.) pour moduler nos espaces de résonance.
J'utilise souvent l'image du son comme une pâte à modeler que l'on apprendrait à façonner de différentes façons, à l'intérieur du conduit vocal, pour lui donner la texture ou le timbre que l'on souhaite.
Ainsi, en apprenant à jouer avec nos articulateurs et nos espaces de résonance, on apprend à colorer notre voix de telle ou telle manière, plus grave ou plus aigue. Et c'est en jouant avec ces paramètres acoustiques que l'on apprend à passer d'un mécanisme à l'autre sans que cela s'entende, en chantant dans cette fameuse "voix mixte".
Alors... jouons avec notre voix pour trouver cette fameuse voix mixte !
* Note : on appelle "conduit vocal" l'espace entre nos cordes vocales (situées dans le larynx) et la sortie du son par la bouche et/ou le nez.

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